Anne, 40 ans, vient en coaching après des mois de questionnement intérieur. Elle ne trouve plus d’intérêt à son travail, se demande ce qu’elle y fait tous les jours et commence à remettre en cause tout ce chemin parcouru jusque-là avec un immense sentiment de gâchis. Elle est en quête de sens.

Que ce soit à titre individuel ou en entreprise, trouver du sens se fait injonction. Les entreprises deviennent « à mission », les managers en sont les porte-paroles, les individus cherchent leur Ikigai… Le sens apparait comme le graal vecteur de motivation, d’action et d’épanouissement. Pour autant, je rencontre régulièrement des clients désœuvrés alors même que le sens leur est désormais servi sur un plateau de part et d’autre.

Trouver un sens serait-il une illusion ?

Mais que met-on derrière le sens ? Le Petit Larousse en décline 5 définitions possibles :

• Fonctions psychophysiologiques par lesquelles un organisme reçoit des informations sur certains éléments du milieu extérieur, de nature physique (vue, audition, sensibilité à la pesanteur, toucher) ou chimique (goût, odorat).
• Aptitude à connaître, à apprécier quelque chose de façon immédiate et intuitive : avoir le sens des nuances.
• Ce que quelque chose signifie, ensemble d’idées que représente un signe, un symbole : le sens d’une allégorie.
• Ce que représente un mot, objet ou état auquel il réfère : chercher le sens d’un mot dans le dictionnaire.
• Raison d’être, valeur, finalité de quelque chose, ce qui le justifie et l’explique : donner un sens à son existence.

Ainsi le sens est inhérent à chaque individu, à la représentation qu’il s’en fera et à la valeur qu’il lui accordera. Il est donc unique et personnel même s’il peut être partagé et renforcé par le collectif.

Au delà de la définition académique, il me semble que chercher (ou trouver) un sens nécessite une attention particulière à deux paramètres complémentaires.

Le pourquoi et le pour quoi

LE POURQUOI. Dans certains cas, trouver du sens passe par le besoin de comprendre l’origine de la situation et de son inconfort. On identifiera sa génèse et l’ensemble des composantes, des décisions et des interlocuteurs ayant conduit à la situation actuelle. Sans qu’elle nous convienne forcément, ni que nous puissions la modifier (puisque par définition nous ne pouvons changer ce qui est passé), comprendre d’où provient la réalité dans laquelle nous sommes peut permettre de prendre des décisions et de mettre en œuvre des actions complémentaires ou correctrices, en dépassant le stade de la surprise, de l’incompréhension ou du déni. Nota bene : il sera parfois nécessaire de faire appel à un thérapeute pour investiguer ce sujet.

LE POUR QUOI. Dans d’autres cas, il nous faudra plutôt comprendre l’objectif visé de la situation. A quoi cela va nous mener ? Dans quelle perspective ? Pour quoi ou pour qui le faisons/vivons-nous ? Si cela correspond à nos propres aspirations et/ou à nos valeurs, cela nous motivera à poursuivre cette voie. Dans le cas contraire, cela viendra questionner sur d’autres perspectives ou directions possibles.

Le « pourquoi » et le « pour quoi » peuvent se conjuguer.

Donner du sens devient utile et pertinent si l’on connait le(s) besoin(s) et attentes de notre interlocuteur : besoin de connaître son origine et/ou bien de percevoir son but.

Qu’en est-il de la quête de sens ?

J’accompagne régulièrement des personnes qui cherchent une activité professionnelle qui « fait sens », ou qui font le constat d’un quotidien professionnel actuel qui n’en a pas, et qui veulent donc en changer.

La première étape conduira à explorer ce qui n’y concourt pas. A quoi la situation actuelle s’oppose-t-elle ? A nos valeurs ? A notre éducation ? A nos croyances ? En faisant un pas de côté, nous vérifions si la perception du manque de sens n’est pas due à un changement de repères, à une compréhension biaisée de l’environnement, à une évolution personnelle qui invite à nous ajuster, à faire bouger nos lignes, sans forcément tout remettre en cause.

Voici quelques questions à (se) poser pour explorer le sujet :

• Sur une échelle de 1 à 5, à combien estimez-vous trouver du sens à votre activité aujourd’hui ? Quels sont les éléments qui y contribuent ? Quels sont ceux qui sont manquants selon vous ?
• A quoi verriez-vous que votre travail/votre vie fait sens pour vous ?
• Citez 3 personnes/personnalités qui selon vous ont une vie/un travail qui fait sens ; à quoi le constatez-vous ?
• Comment pourriez-vous développer ce qui fait sens pour vous et qui est à votre portée aujourd’hui ?

Le sens : élément fondamental mais insuffisant

Ainsi la question du sens n’est pas illusoire, mais vouloir le donner sans interroger son interlocuteur, c’est courir le risque de passer à côté de ce qui va lui faire véritablement écho. C’est ce qui se passe lorsque nous argumentons du bien-fondé d’une décision ou d’un changement d’organisation avec ce qui nous a convaincu nous-même.

De surcroit, le sens ne suffit pas à motiver et à faire passer à l’action. Les questions du « comment » (moyens) et du « avec qui » (relations) seront pour certains prépondérants pour se mettre en mouvement*.

Anne a pu comprendre ce qui l’avait amenée jusqu’à sa situation professionnelle actuelle. Plutôt que de la renier et de la regretter, nous avons pu identifier comment elle pouvait tirer partie de ce chemin professionnel qui était juste à l’instant T, au profit d’une nouvelle voie plus en adéquation avec son identité d’aujourd’hui. Elle en est ressortie fière de son parcours et motivée pour avancer, pas à pas vers ce qui fera sens pour elle désormais.

Si la question du sens vous interpelle, si vous vous interrogez sur votre quotidien professionnel, osez le coaching professionnel pour avancer. Prenez rendez-vous pour une première exploration ensemble !

« Les questions ne sont pas obligées d’avoir du sens. Mais les réponses, si. »**

*Découvrir vos préférences comportementales par un inventaire de personnalité vous éclairera sur vos leitmotives.
**Procrastination (2002), terry pratchett (trad. patrick couton), édition l’atalante, 2005 (isbn 2-84172-313-5), p. 34