Voilà un item que l’on a vu fleurir sur les réseaux sociaux et dans la littérature de développement personnel et professionnel. Surfe-t’on simplement sur la vague des urgences environnementales ou bien y a-t’il un emprunt sémantique réellement pertinent dans ce nouveau paradigme ?
Réfléchissant au sujet, un événement symbolique m’est revenu en mémoire : mon premier voyage en avion. Un peu stressée par ce 1er vol, je me suis appliquée à écouter religieusement les consignes de sécurité des hôtesses. L’une d’elle était la suivante :
« En cas de dépressurisation de l’appareil, se saisir du masque à oxygène qui tombe devant soi, le fixer, puis aider les personnes autour de soi. »
Et donc ? me direz-vous…
Il me semble que cette consigne de survie est une excellente métaphore de l’écologie de soi. Explications.
En cette période tourmentée, nous sommes plutôt enclins à apporter notre aide à autrui, à être solidaire, à remplir les missions qui nous incombent, pour le bien de tous. Et c’est une bonne chose que de travailler à une société solidaire et inclusive. Mais…
Tout aussi altruiste que nous soyons, nous ne pouvons apporter le meilleur aux autres que si nous en avons nous-mêmes les ressources. Autrement dit : ne donnons pas tout notre oxygène si nous en manquons nous-mêmes. Mais sommes nous capables d’identifier nos limites ?
Pour vous aider dans ce discernement, je vous propose un outil simple, qui permet régulièrement de faire le point sur ses besoins et d’y répondre. Cet outil est tiré du très bon ouvrage de #Joëlle Huaux, #Génération Burnout et je vous en livre les principes.
👉 Partons du postulat que nous fonctionnons sur des batteries (comme celle de votre smartphone), plus précisément 4. Observez le schéma ci-dessous :
1. La batterie émotionnelle s’intéresse à ma vie affective. Au sens large du terme, quels sont les relations humaines et les événements qui me procurent de l’émotion, positive ou négative, et en quelle quantité ?
2. La batterie physique concerne l’état de mon corps : suis-je fatiguée, sans énergie ou au contraire débordant ?
3. La batterie intellectuelle interroge l’esprit : Ai-je fait trop d’effort ou bien au contraire, ne suis-je pas assez stimulé ?
4. La batterie spirituelle vise le mental : Est-ce que ma vie fait sens ? Trop et cela m’épuise, ou pas assez et cela me vide.
Nota bene : les deux extrêmes de ces batteries sont contre-productives et nous épuisent. En outre, il n’est pas nécessaire d’être à 100% pour être efficace. Une batterie est suffisamment rechargée entre 60 et 80%. Entre 30 et 60%, il est temps de s’en occuper pour ne pas fonctionner sur la réserve. Dans ce dernier cas, il y a urgence à recharger car sur du long terme, cela sera plus difficile.
👉 Postulat complémentaire que je me permets d’ajouter : nous pouvons hiérarchiser ces 4 batteries. C’est-à-dire que nous pouvons identifier quelle est la batterie qui s’épuise la première, puis la seconde etc… comme lorsque vous utilisez une batterie de secours dans pour palier celle de votre téléphone. Cela fonctionne de la même façon. Le risque est de décharger vos batteries tour à tour jusqu’à épuisement total d’énergie. Il faut donc se préoccuper de la première déchargée dès que vous commencer à utiliser la seconde et ainsi de suite.
📝 Illustrons ce propos. Tout d’abord, imaginons que vos batteries soient dans l’ordre suivant : La batterie physique / la batterie émotionnelle / la batterie intellectuelle / la batterie spirituelle.
Ensuite, supposons que vous viviez une période intense, personnellement (mariage, naissance, déménagement, enfant qui part de la maison, rencontre…) et professionnellement (fin d’exercice annuel, restructuration de l’entreprise ou surcroit d’activité…). Vous traversez donc un moment de vie qui vous demande beaucoup d’énergie. Observons ensemble l’utilisation de ces 4 batteries au travers de cette histoire…
Ce week-end vous avez déménagé. Il a fallu trouver une maison plus grande pour accueillir le petit dernier. C’est chose faite. Vous êtes heureux mais lessivé par deux jours de trajets, de cartons, de marche, d’escalier, de stress etc…sans compter les soirées qui se sont prolongées avec vos amis qui sont venus vous aider qui méritaient bien de décompresser après tout cela. Les journées ont été longues et les nuits courtes. Demain c’est reparti pour une semaine de travail, pas le temps de se reposer. Votre première batterie est basse, mais vous la rechargerez plus tard. La batterie émotionnelle prend le relais : vous êtes heureux, dans votre nouvelle maison, votre conjoint(e) aussi, tout va bien !
Les jours passent. Beaucoup de travail au bureau, vous êtes en clôture d’exercice comptable, tout doit être bouclé pour la fin du mois. Vous avez un nouveau boss, vous ne voulez pas le décevoir, cela vous met la pression mais vous stimule aussi. Pas de chance, votre petit dernier ne fait pas ses nuits, vous ne lui en voulez pas mais quand même… c’est un peu tendu à la maison car tout le monde est fatigué mais il faut tenir, pas le choix… votre seconde batterie commence à donner des signes de faiblesse. Ouf, la batterie intellectuelle est là : vous aimez votre métier et les tableaux excel vous procurent une certaine satisfaction. Eux au moins de se fatiguent jamais et font ce qu’on leur dit de faire ! vous voulez relever ce challenge professionnel et prouver que vous êtes un collaborateur sur qui on peut compter quoiqu’il arrive.
Vous passez beaucoup de temps sur votre travail, au grand damne de votre famille, et sans beaucoup de feed-back professionnel (ce stroke* aurait pu contribué à recharger votre batterie émotionnelle). Vous comptez donc sur le temps pour solutionner cette période : après la clôture comptable ce sera bon, quand le petit dernier fera ses nuits ce sera bon, quand tous les cartons seront rangés ce sera bon…et puis un jour, vous vous retrouvez à vous demander ce que vous faites là. C’est votre batterie spirituelle qui s’enclenche, comme une alerte car elle est la seule qui reste. Vous n’avez pas pris le temps de recharger les autres. Vous êtes au bord de l’épuisement total, alors même que votre conjoint(e) compte sur vous pour l’aider, que votre petit dernier a besoin d’un papa (ou d’une maman) en pleine forme, et que votre boss compte sur vous !
Ce récit pourrait être différent selon la hiérarchisation de vos batteries. Pour autant, le résultat sera le même : vous serez à plat.
🤔 Alors comment faire pour ne pas en arriver là ?
✅ Réponse : faire régulièrement l’inventaire de votre équilibre énergétique, écouter chacune de vos batteries en vous posant ces quelques questions :
- Quel pourcentage pouvez-vous apposer sur chacune de vos batteries ? (Je vous suggère d’imprimer ce schéma et d’en faire un rituel hebdomadaire 😊)
- Combien vous en reste-t-il suffisamment chargées ?
- Quelles sont celles que vous devez urgemment réalimenter ?
- Est-ce que j’attends des autres de me venir en aide ?
La prise de conscience ne suffit pas. Il faut pouvoir identifier ce qui vous recharge efficacement. Chaque individu doit pouvoir discerner ce qui lui procure un état de flow** et lui redonne de l’énergie facilement (dormir, créer, échanger, passer du temps seul, écrire, lire, faire du sport, jouer ….), sans attendre que cela vienne d’une autre personne que vous.
La notion d’écologie de soi n’est donc pas ni mode, ni un cliché de communication vide de sens. Elle invite à prendre conscience de sa propre responsabilité à prendre soin de soi en premier lieu, de son corps, de son mental et de son esprit. Loin d’être égoïste ou narcissique, elle est une condition préalable à la qualité de ce que nous pouvons apporter aux autres et à notre environnement. CQFD.
#prenezsoindevous
*Éric Berne, le fondateur de l’Analyse Transactionnelle, utilise le terme de stroke, qui désigne une unité de reconnaissance.
**En psychologie positive, le flow – mot anglais qui se traduit par flux –, ou la zone, est un état mental atteint par une personne lorsqu’elle est complètement plongée dans une activité et qu’elle se trouve dans un état maximal de concentration, de plein engagement et de satisfaction dans son accomplissement.